Beckett: auto-analyse et créativité

Beckett: Self-Analysis and Creativity

  • Didier Anzieu
  • Chris Vanderwees

Abstract

 

S. Beckett, à 30 ans, met fin unilatéralement à deux ans d'une psychanalyse avec Bion qui s'enlisait dans une réaction thérapeutique négative mais qui l'a confirmé dans sa vocation d'écrivain. Il reprend cette psychanalyse inachevée sous forme d'une auto-analyse créatrice qui comporte cinq phases : vision hallucinatoire de l'oeuvre à venir, expression de la partie « nuit » et « boue » de sa psyché, invention d'un narrateur qui soliloque ; travail rapide de composition ; honte à exposer l'oeuvre à un éditeur et à un public. L'exemple de Beckett permet de dégager plusieurs caractéristiques d'une auto-analyse féconde : postérieure à une psychanalyse effectuée par écrit, dans une langue seconde ; en interaction avec un correspondant ; en présence fictive du psychanalyste et de la règle de libres associations ; à l'occasion de la crise du milieu de la vie.

 

At the age of 30, Samuel Beckett unilaterally terminated a psychoanalysis with Wilfred Bion that was bogged down in a negative therapeutic reaction but which had confirmed Beckett’s vocation as a writer. He took up this unfinished psychoanalysis in the form of a creative self-analysis that consisted of five phases: a hallucinatory vision of future work, the expression of the “night” and “mud” part of his psyche, the invention of a soliloquizing narrator, rapid composition, and shame about showing his work to a publisher or to the public. Beckett’s case allows us to identify several characteristics of a fruitful self-analysis: it took place after a psychoanalysis, it was carried out via writing in the author’s second language, it took the form of interaction with a correspondent in the fictive presence of the psychoanalyst and followed the rule of free association, and it took place during a mid-life crisis.

 

 

Published
2023-09-24
Section
Articles